Les Débuts

les origines des Cormorans (par Pierre Boënnec)

Le cadastre de la ville de Penmarc’h indique sous le numéro 45, une parcelle de terre de 13 500 mètres carrés appartenant à la Société Sportive des Cormorans de Penmarc’h. Elle se situe au bord de la route départementale 53, reliant le bourg de Penmarc’h à Saint-Guénolé, à 300 mètres du bourg, côté Nord. Côté Sud elle donne sur la route de Kerglib. Elle voisine à l’Est les terrains Guégaden et Cosquer, et à l’Ouest les terrains Buannic. Le lieu était très connu sous le nom de « la piste », en référence à son utilisation antérieure comme vélodrome. Connu de tous les habitants de la région et d’ailleurs, son histoire est belle et mérite d’être racontée …
La connaissant depuis mon enfance, c’est un grand plaisir pour moi de vous la raconter, car ce terrain a servi à toute la jeunesse de Penmarc’h et des environs, de 1905 à nos jours, dans deux disciplines sportives nettement distinctes : le vélo d’abord puis le football.

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De l’arrivée du football à Penmarc’h à la naissance des Cormorans
Au lendemain de la guerre de 1914-1918, la jeunesse de Penmarc'h (ainsi que celle d'ailleurs) tapotait dans un ballon. Cette vague était venue d'Angleterre. Le football était aussi pratiqué par les soldats sur le front de guerre pendant les accalmies. Des directives préfectorales incitèrent la jeunesse à la pratique du sport. Ainsi, le 15 novembre 1920, sous l'égide de Pierre-Jean Larnicol, maire radical socialiste de l'époque, un groupe de bénévoles se réunit et créa de manière officielle une équipe de football à Penmarc'h.

Le bureau comprenait : Pierre-Jean Larnicol, président d'honneur ; Victor De Cadenet, gérant d'usine à Saint-Guénolé, vice-président d'honneur ; Pierre Volant, hôtelier à Saint-Guénolé, président; Tréguier, directeur d'école à Saint-Guénolé, vice-président ; Le Bihan, comme secrétaire; Bothuon, instituteur à Saint-Guénolé, comme trésorier ; et Fravallo, mareyeur -à Kérity, comme trésorier- adjoint. L'équipe était constituée de Duigou, Fravallo, capitaine, Stéphan, dans les buts, Loussouam, Quénet, Coant, Drézen, Quiniou, Le Pape, Durand, Guénolé, Péron et Jacob, joueurs de champ.

NAISSANCE DE LA SOCIÉTÉ
Tout commença au cours de l’été 1920.
Un groupe de jeunes collégiens s’amusaient à taper dans le ballon sur la plage pendant les vacances ou sur un terrain situé à 50 mètres de la plage de la Joie et appartenant à Marc Le Pape, propriétaire de la ferme avoisinante. Petit à petit, ce groupe s’étoffa et bientôt il eut assez de membres pour former deux équipes. Cette équipe n'avait pas de nom, si ce n'est celui de « les gars de St-Gué », pas de couleur et un équipement très sommaire
Il s’érigea alors à l’initiative de M De Cadenet, une société sportive dont la devise était (et est toujours) : « unis pour être forts, et forts pour être bons ».
C’est l’époque où s’illustrent les DUGOU, FRAVALLE, STEPHAN et autre JACOB. Mais il faut se représenter ce qu’était le football à l’époque de ces pionniers du ballon rond.
Le terrain des Sports se situait entre la Chapelle de la Joie et Saint-Guénolé. Terrain des Sports est un bien grand mot. Il n’avait de réglementaire que le nom, car les buts étaient deux poteaux reliés à leur sommet par une corde.
Quant à l’équipement, il était lui-même plus hétéroclite encore. Les maillots n’existaient pas : on jouait en pull ou en tricot de corps. Les shorts étaient plutôt des caleçons – même longs parfois- Bien entendu, les chaussures de foot étaient un luxe que bien peu de joueurs pouvaient s’offrir. Aux pieds, des brodequins ou ce qu'il restait de godillots à clous rescapés de 14- 18.
Les rencontres n’étaient que des rencontres amicales contre les sociétés voisines de Pont l’Abbé, Loctudy, du Guilvinec ou même de Douarnenez.
Tous les déplacements étaient effectués avec les moyens de l’époque : c’est-à-dire en bicyclette ou en camion de marée ou grâce au petit car de Pierre Volant. On imagine assez la joie et l’ambiance qui régnaient alors.
Le football demeura la seule activité du club pendant trois saisons, mais dès 1923 les Cormorans devenaient un club omnisport avec l’adjonction de trois nouvelles sections : une de basket, une d’athlétisme et une de tennis de table.

Les rencontres avec les sociétés sportives avoisinantes n'étaient qu'amicales. Du fait de son importante superficie et de son nombre d'habitants, Penmarc'h eut de nombreuses équipes constituées principalement d'écoliers et d'apprentis et sans doute stimulées par les « gars de St-Gué ». Elles n'avaient pas de dirigeants officiels et se réunissaient par pure camaraderie. Chacune avait son terrain.
L'assemblée générale du 21 octobre 1921 nomma, à la grande joie du maire, Pierre-Jean Larnicol, des membres de tous les quartiers de Penmarc'h au conseil d'administration des « gars de St-Gué» : Anthony Fravallo, mareyeur à Kérity, comme président ; Pierre Volant, hôtelier à Saint-Guénolé, et Corentin Guirriec, commerçant du Bourg, comme vice-présidents ; Yves Duigou, secrétaire de mairie, et François Gloanec, commerçant du bourg, comme secrétaires ; Pierre Stéphan et Jean Guénolé, tous deux commerçants du bourg, comme trésoriers ; et Victor De Cadenet, gérant d'usine à Saint-Guénolé, Coquelin, Directeur de l'école de Saint-Guénolé, Le Pemp, guetteur au sémaphore de Saint-Pierre, et Péron, brigadier des douanes à Saint-Guénolé, comme membres.
L'équipe était composée des meilleurs joueurs, étudiants, scolaires, apprentis ou marins, qui avaient été identifiés lors des amicales des « gars de St-Gué ». Les matchs se déroulaient toujours au terrain dit de la Joie, à Saint-Guénolé. En 1923, un nouveau comité fut nommé, composé de Victor De Cadenet et Georges Chapalain, tous deux gérants d'usine à Saint-Guénolé, Corentin Drezen, commerçant à Saint-Guénolé, Pierre Mennec et Sénéchal, tous deux commerçants respectivement à Saint-Pierre et à Saint-Guénolé, Eugène Jacob, mareyeur à Saint-Guénolé et Tirilly, commerçant à Saint-Guénolé. Ce comité réalisa un immense travail. De nouveaux statuts furent adoptés avec comme objectif « la pratique des exercices physiques et l'entretien de relations amicales et de franche camaraderie entre les membres ». Une devise fût adoptée « unis pour être forts et forts pour être bons » et de nouveaux sports furent initiés : athlétisme, basket, tennis de table, Un nom fût donné à l'équipe : les Cormorans Sportifs de Saint-Guénolé ; et la couleur des maillots fût choisie : le noir à parement jaune. L'équipe adhéra aux compétitions officielles du district du Finistère Sud.

De 1928 à la guerre : une constante progression.

De 1928 à 1930, officiellement, les Cormorans jouaient désormais à Keryet avec des joueurs
des différents quartiers de Penmarc'h, tous des as du ballon rond. A cette époque l'équipe était
constituée de Jean Durand, goal, de Carlo Le Pape et de Louis Durand, arrières gauche et droit respectivement, de Victor De Cadenet, demi-gauche, de Gaby Jacob, demi-centre, de Didailler, ailier-droit, Yves Chapalain, inter-gauche, de Jean De Cadenet, inter-droit - tous de Saint-Guénolé -, de Yvon Guenolo, demi-droit, de Jean Durand, ailier-gauche tous deux du bourg - et Pierre Boennec, avant-gauche, de Kerity, auxquels venaient s'ajouter deux excellents joueurs de Pont-l'Abbé, Corentin Nignon et Andre Le Gall. Ils venaient de Pont-l'Abbé sur une grosse moto et les gamins perchés au sommet du virage du vélodrome criaient en les voyant : « Les voilà, ils arrivent, ils arrivent... ». Avec eux, c'était le match gagné assurément. Didailler, second maître au poste militaire de Kerellec, en tant que radio, venait lui aussi en moto, accompagné de son amie (Stephan Vihen) haut perchée sur le transat et dont la coiffe se voyait à plusieurs miles à la ronde. Les prouesses de cette équipe dépassèrent le plan local et cantonal par ses victoires en troisième division. Pierre Tanneau, fidèle supporter de Saint-Guénolé, fit une chanson pour l'équipe sur l'air de « C'est pour mon papa ».