Antoine Pascual

Antoine Pascual, entraineur des Cormorans de 1960 à 1966, raconté par Pierre Boënnec

1960, les Cormorans avaient le vent en poupe. Les hommes qui composaient le bureau voyaient grand. La municipalité, très favorable au sport, avait fait construire un nouveau terrain de football avec une tribune couverte pouvant contenir un maximum de 800 personnes. Lassés tous les ans de disputer la promotion d'honneur, les Cormorans décidèrent d'aller de l'avant. Un de nous à eu l’idée lumineuse de nous dire « et si on faisait venir un entraineur ». C’est comme cela qu’avec Corentin Kervarec on a décidé un beau jour d’avoir un entraîneur-joueur. La réunion a cependant été assez houleuse, et pour cause, car il a fallu souscrire un emprunt pour nous payer cet entraineur. On a emprunté mais juste de quoi le payer sur une saison complète et après « on verrait bien ». Sachant que le terrain de Keryet appartenait aux Cormorans, il servirait aux équipes de jeunes et le club pourrait s'appuyer sur ce véritable trésor en cas de coup dur. L'année précédente le capitaine Jos Péron s'était retiré à 39 ans suite à une déchirure musculaire après 25 années de bons et loyaux services. Lors de l'assemblée générale, il avait été décidé en accord avec la municipalité de contracter un emprunt et de donner carte blanche au secrétaire Corentin kervarec pour engager un entraîneur joueur. La Ligue de l'ouest de football à Rennes disposait à cet effet d'une liste de joueurs et anciens joueurs susceptibles d'occuper une telle place. Ainsi, nous avions entamé des pourparlers avec un défenseur du Stade Rennais, âgé de 29 ans, qui aboutit à un accord et à un contrat signé. Pour un club de promotion d'honneur, c'était un gros morceau : ce nouvel entraîneur, étranger à la commune devait être logé et payé. Élégant et sportif avec un nom sonnant clair - Antoine Pascual - ce pied-noir d’Oran fut rapidement adopté grâce à son entrain, son amabilité et son enthousiasme, sa qualité de jeu, sa sympathie et l'amour du football qu'il communiquait à la jeunesse de plus en plus nombreuse à l'entraînement. Les résultats ne se firent pas attendre. Un local d'entraînement couvert fut loué dans l'ancienne usine Rio Le Gall de Saint-Guénolé. Il servit pour les entraînements intenses des soirs d'hiver : ce fut très apprécié. Bénévole à la caisse le dimanche je remarquai aussitôt un changement : davantage de spectateurs et spectatrices se pressaient au stade, avides de de connaître cette nouvelle équipe. Davantage de matchs étaient gagnés à domicile, l’équipe obtenait un meilleur classement dans sa division et la recette augmentait. Les joueurs locaux affluèrent et s'améliorèrent. De nombreux joueurs des clubs voisins sollicitèrent leur adhésion. Les joueurs locaux formaient l'ossature de l'équipe première. Ils portèrent bien haut les couleurs des Cormorans. Première année, tout de suite on est montés en division supérieure. Antoine avait renforcé l’équipe en faisant venir deux autres Français d’Algérie venus de l’Oranais : le gardien Michel Tendero et l’ailier Rodriguez. Outre ces deux renforts externes, l’équipe de l’époque était composée de Le Loch, Lucien Péron, Camille Péron, Donnard, Guirriec, Guichaoua, Drézen, Hélias, Pochet, Tanniou, Pascual, Tanneau, Pochic, Pochet, René Guichaoua, Guymar et Gourlaouen. A la fin de saison, les objectifs étaient atteints. Tout le monde a alors été unanime aux Cormorans pour poursuivre l’aventure avec Antoine. Ce Pascual était un gars « drôlement bien » qui plaisait à toutes et tous…car c’était un beau gars nous dit Pierre … les filles faisaient des kilomètres pour venir le voir. Certaines faisaient 50 km en mobylette pour le voir jouer à Audierne ajoute t’il. Témoin des succès féminins de notre coach de l’époque depuis sa guérite ou il vendait les billets aux spectateurs, Pierre sait de quoi il parle !
Antoine Pascual a pris l’équipe au niveau District et nous a menés jusqu’en DHR , à la fin il a entrainé aussi Le Guilvinec et c’est devenu compliqué. En début de saison 1966 c’est la fin du cycle Pascual : Le club lui reproche alors de privilégier la condition physique au détriment des aspects techniques et tactiques, Antoine Pascual est licencié. Jean Bodéré l’a remplacé au poste de responsable technique des équipes 1 et 2. Antoine Pascual quitte alors Penmarc’h pour Salon de Provence. Pour l’anecdote son départ a laissé un véritable « trou béant» dans la défense des Cormorans et le club a enchaîné des résultats encore plus catastrophiques. Pas rancunier pour deux sous, Antoine Pascual est revenu à la demande du club « pour nous sauver » en fin de saison 66 mais uniquement comme joueur. Cela ne durera pas et il nous quittera à l’intersaison 66-67 Par la suite quand le club a accédé à la DSR Jean-Pierre Larnicol est arrivé pour lui succéder (DHR-DSR puis DH) avant de laisser la place à Khennane MAHI coach de 1974 à 1978.